La science de l’art

Jean Roy

Résumé

Des danseurs qui repoussent les limites de la biomécanique. Des architectes qui défient les lois de la gravité. Un musicien qui, l’air de rien, jongle avec les mathématiques… Il y a beaucoup de science dans l’art. Et beaucoup d’art dans la science. C’est cette jonction entre deux univers que La science de l’art veut explorer…d’un point de vue scientifique !

À travers cette série de huit épisodes, la journaliste Marie-Pier Elie nous mène d’un questionnement à une démonstration, d’un laboratoire à une application pratique et d’une révélation à une autre. Elle n’hésite pas à prendre part à diverses expérimentations, ou servir de cobaye pour illustrer le propos. Elle nous fait découvrir ainsi des chercheurs passionnés qui chaque jour, repoussent les limites de la connaissance.

Le ton vivifiant de Marie-Pier et le rythme allègre des épisodes sont simplement irrésistibles. Ils titilleront votre soif de connaissances, c’est certain !

Fiche technique

Première: 31 mars 2019
Durée: 8 x 15 m.
Réalisation: Jean Roy
Diffusion: Savoir média

Épisodes

La musique

La musique fait vibrer, au propre comme au figuré. Le frottement d’un archet ou le pincement d’une corde crée des ondes dans l’air, qui résonnent jusqu’à nos oreilles. Mais comment la musique déclenche le plaisir ? Et que différencie un prodige d’un simple musicien ? Là se trouve toute la science de l’art ! La neuroscience s’intéresse à la notion de plaisir associée à la musique. Dans le cerveau, la région du circuit de la récompense est impliquée. Cette zone répond notamment aux stimuli essentiels à la survie, comme la nourriture et le sexe, rien de moins ! La ligne est mince entre un morceau simpliste et un autre trop complexe. Le bon musicien maîtrise cette distinction, parfois ténue. Les prodiges défient la théorie, ce qui pousse les chercheurs en neuropsychologie à étudier l’anatomie du cerveau et à quantifier l’apprentissage musical. Les neuropsychologues comparent alors des musiciens professionnels à de jeunes virtuoses. Des neurones prédisposés peuvent-ils remplacer le travail acharné ? À travers les mélodies d’un artiste solo ou les symphonies d’un orchestre, la musique joue instinctivement avec notre cerveau, unissant ainsi art et science.

L'art culinaire

Tel un scientifique dans son laboratoire, le cuisinier expérimente, alliant harmonieusement les saveurs et les parfums, et transformant les textures. Le goût et l’odorat se partagent l’assiette de dégustation, mais un troisième ingrédient intéresse scientifiques et cuisiniers : le système trigéminal ! Chimio-sensoriel, le système trigéminal se situe dans les muqueuses orales et nasales. Afin d’ajouter complexité et subtilité à sa préparation, un bon cuisinier en tiendra compte dans l’élaboration de son plan de travail. Les saveurs sucré, salé, acide, amer et umami se voient alors sublimés ! Certaines épices sont reconnues pour stimuler ces muqueuses et, par conséquent, l’activité cérébrale, comme le poivre. Avec l’azote liquide, les lyophilisateurs et autres jouets culinaires, les magiciens de la cuisine moléculaire s’en donnent à cœur joie afin de tromper l’œil et d’épater le palais. La fermentation, une pratique ancestrale, révèle certains aspects inusités d’aliments courants. Alors, en cuisine, de la stimulation des sens au mode de cuisson, en passant par le choix de la bonne assiette, la science et l’art fusionnent afin de créer LA recette parfaite.

L'architecture

Châteaux de sable ou tours de blocs, l’architecture fascine les tout-petits. Mais une construction solide se bâtit selon des principes scientifiques : gravité, pression, torsion. Et l’architecte calcule tous ces éléments afin que sa structure ne s’écroule pas au premier coup de vent, comme un château de cartes. À Montréal, où les vents du sud-ouest soufflent avec force, architectes et ingénieurs doivent coopérer afin de protéger les futures structures des effets potentiels des vents violents. Les scientifiques s’arment alors d’une maquette du centre-ville et d’un simulateur de vent, et observent si l’édifice sur plan résiste aux rafales. Le munir de balcons ou encore garnir le parterre d’arbres suffit parfois à diminuer l’impact du vent sur le bâtiment. Un peu plus loin, en Égypte, des ingénieurs ont récemment découvert d’importantes cavités dans les grandes pyramides. C'est à l’aide de la vision infrarouge et d’un détecteur de muons qu’ils ont percé le mystère, et ce, sans détruire un seul mur. Pour l’architecte, science et art doivent donc cohabiter afin de créer une construction à la fois robuste et inspirante, qui, peut-être, marquera l’histoire !

La photographie

Luminosité, contraste et cadrage s’amalgament pour réaliser la photo rêvée. L’artiste capture un moment, immortalise une émotion. Mais en criminalistique, le photographe devient le créateur de précieuses références, tandis qu’en astrophysique, il est désormais en mesure de photographier… des trous noirs ! Les photographes de scène de crime créent des images claires, objectives et qui respectent les perspectives. Leurs clichés racontent une histoire, en partant du général vers le particulier. La scène, l’arme du crime, les empreintes digitales, rien n’échappe à leur objectif. La photographie existe grâce à des particules de lumières appelées photons. Et c'est grâce aux différents types de photons que les trous noirs peuvent aujourd'hui être photographiés. Les astrophysiciens, armés d’appareils sophistiqués et de patience, combinent image optique, rayon X et lumière radio, puis jouent avec les contrastes. Tout bien réfléchi, l’art de la photographie est né de la science, celle de la lumière, et c'est au photographe de choisir ce qu’il souhaite… mettre en lumière.

La créativité

La créativité renvoie souvent à l’enfant ou encore à l’artiste tourmenté. Pourtant, tout le monde fait preuve de créativité, et ce, au quotidien, tandis que la nature fourmille d’idées créatives desquelles s’inspirer. Mais comment fonctionne la créativité et comment la cultiver ? C'est là tout un art ! Grâce à l’imagerie cérébrale, le processus créatif peut aujourd'hui être étudié. Et la créativité s’exprime autant dans l’écriture d’un roman que dans l’élaboration de l’échangeur Turcot ! Résidant dans l’habileté des hémisphères du cerveau, gauche et droit, à communiquer entre eux, la créativité nécessite l’intervention de la mémoire et du réseau de saillance, ainsi que la capacité à résoudre des problèmes et à intégrer l’information. Plusieurs émotions favorisent la créativité, mais est-ce que la souffrance en fait vraiment partie ? Certes, les personnes atteintes de maladies mentales, par exemple, explorent les limites et dépassent les frontières, tout comme les artistes. Comment les psychanalystes balisent-ils ces explorations sans pour autant amputer la créativité ? Insaisissable mais cultivable, la créativité est un art… auquel la science n’a pas fini de s’intéresser !

La danse

La danse, parfaite symbiose entre le corps, le mouvement et l’espace. Muscles, tendons, os et fascias rythment les pas, mais les neurones aussi virevoltent, à travers l’apprentissage des routines et la visualisation. La danse façonne le cerveau et peut même devenir thérapeutique. Clap ! Clap ! En piste ! Les danseurs affichent au grand jour leur musculature athlétique, leur bonne posture, leur force toute en contrôle. Par la pratique de la danse, deux zones de leur cerveau se développent aussi davantage que chez les personnes non entraînées : le gyrus temporal supérieur et le cortex préfrontal dorsolatéral gauche. Les danseurs deviennent ainsi plus aptes à combiner son et musique, ainsi qu’à mémoriser et visualiser des routines. La neuroscience et l’imagerie cérébrale démontrent les bienfaits de la danse, et ces bénéfices transforment le quotidien. À travers des sessions adaptées, des chercheurs observent l’impact de la danse sur des enfants atteints de maladies neuromusculaires et sur des personnes en réadaptation physique. Dévoué corps et âme à son art, le danseur repousse les limites de la science, incarnant ainsi la fusion de l’athlète et de l’artiste.

Le théâtre

L’acteur s’apprête à monter sur scène. Son pouls augmente et ses muscles se contractent. Comment déjouer le trac ? Comment éviter les trous de mémoire ? Et comment jouer des émotions fortes telles que la tristesse et la fureur ? Voilà tout le talent de l’acteur, qui, sans le savoir, fait appel à la science. Intimement lié à l’instinct de survie, le trac ressenti par un acteur est le même que celui vécu par nos ancêtres préhistoriques, devant le danger. Il provient de l’hypothalamus et du cortisol, aussi appelé « hormone du stress ». S’il aime son métier, un acteur s’habitue au trac, qu’il déjoue soir après soir. Néanmoins, le jour J, sa mémoire peut lui jouer un tour... Grâce à sa concentration, à sa passion pour le sujet et à son état émotionnel, l’acteur favorisera l’incrustation du texte dans sa mémoire. Mais implanter directement une oeuvre théâtrale complète dans le cerveau, est-ce possible ? Des scientifiques se penchent sur la question en stimulant le cerveau afin de modifier la mémoire de travail. Science-fiction ? Certes, cela demeure une ambition de la neuroscience… de l’art !

La littérature

Faculté indissociable de la littérature, le langage est à la base de toute forme d’écriture. Il façonne la pensée de l’écrivain, qui, consciemment ou non, partage son imaginaire, sa culture et son expérience dans ses écrits. La science derrière la littérature ? Savoir conjuguer passé, présent et futur ! Vocalisation, protolangage, langage : les premiers comportements langagiers seraient apparus à la période Oldowayen, il y a un million d’années. Une chercheuse et son équipe y ont examiné la transmission tuteurs à élèves de la fabrication d’un outil, ce qui nécessitait une forme de communication. Le langage, faculté à la fois personnelle et collective, permet l’étude de concepts aussi abstraits que la nordicité. En s’appuyant sur des documents, les chercheurs tentent de poser un regard éclairé sur la société étudiée. Car l’écrivain est sensible au monde qui l’entoure et porte attention aux détails. Influencé par son passé, il saisit les enjeux présents et se projette même dans le futur. Et ce n’est pas de la science-fiction, mais bien la science de l’art !

Visionner sur

Générique

Réalisation: Jean Roy / Scénario: Marie-Pier Elie, Jean Roy / Animatrice: Marie-Pier Elie / Production: Jean Roy, France Choquette / Cinématographie: Joël Bertomeu / Montage: Lucie Juillet / Assistant caméra: Jocelyn Charbonneau.

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